Événement

VICKY R

VENDREDI 24 OCTOBRE 2025

20H00

15€ EN PRÉVENTE* / 17€ SUR PLACE *

* Les prix indiqués n’incluent pas l’adhésion de 2 € à régler une fois par an.

 

 

ll y a toujours un esprit libre dans une famille, frondeur et créatif. Vicky R est l’artiste de la sienne.

Beatmakeuse, rappeuse, cheffe de meute (cool) avec le Cercle, son collectif de créatif.ves avec qui

elle collabore, mentore pour de jeunes artistes (notamment Rappeuses en liberté)… l’artiste qui n’a

pas 30 ans a déjà posé plusieurs jalons impressionnants dans sa carrière sur une scène réputée

difficile d’accès. Pourtant rien ne prédestinait l’autrice de All Over The World, V, RHC (Extension)

en 2022, ou encore SYSTM (2024) à devenir une figure essentielle du rap en France et au Gabon.

Dans ce pays, où elle est née et vit jusqu’à ses 11 ans, elle grandit dans un foyer où ses membres

sont bardés de diplômes, où les études comptent mais la musique aussi. Si ses parents écoutent du

gospel, entre autres, avec ses frères, Vicky R découvre celle qui la passionne : le rap.

L’authenticité, les revendications, ce qui se dégage de ces sons, des paroles qu’elle ne comprend

même pas toujours, l’attirent. Au Gabon, la crème de la scène internationale défile (Ja Rule, Sean

Paul, Eve, Booba…) et forgent son goût.

Débuts d’une vie rapide

À la fin des années 2000, changement de décor. La fin de l’enfance est marquée par le départ de sa

terre natale, direction la France hexagonale, son rêve d’attraper le micro chevillé toujours plus au

corps. Tout en poursuivant des études, elle monte son premier home-studio et commence dans le

beatmaking. Attentifs, ses parents ont un mantra : liberté de faire ce qu’elle veut si elle pousse à

l’école. C’est sa mère, figure tutélaire dans sa carrière naissante qui lui offrira son premier piano

quand Vicky lui dira qu’elle écrit des chansons.

La rappeuse entre de plain-pied dans sa passion, loin de ceux qui l’ont fait naître, ce qui l’oblige à

développer un sens aigu des responsabilités et l’enjoint à grandir et s’affirmer vite. Elle connaît son

premier succès chez elle, alors qu’elle finit à peine le collège, avec “Leggo”

, son deuxième morceau

qui devient un hit national et fait naître une polémique (on essaie de lui voler son morceau et on

l’accuse d’avoir volé la prod).

En route pour l’indépendance

Ce drama devient le support d’un motif récurrent dans sa trajectoire d’artiste : le travail et le talent ne

suffisent pas toujours à s’imposer et se faire respecter.

Ce morceau lui ouvre les portes d’une tournée au pays, et la diaspora l’appelle pour des concerts.

Une tentative de censure pour celle qui prend régulièrement la parole sur les réseaux sociaux achève

de lui faire prendre conscience que les artistes sont aussi des leaders d’opinion.

En 2019 alors qu’elle est en période de transition, Vicky R est repérée par Deezer qui lui propose de

participer à la compilation La Relève, aux côtés des artistes émergents prometteurs du moment (

Oboy, Tsew The Kid, Bekar, Sally…) et signe dans la foulée son premier EP et part en tournée -38

dates (!) en France, Belgique, Suisse et Canada.

F*** le rap féminin !

Le début des années 2020 signe l’installation définitive de Vicky R dans le paysage musical français

avec les morceaux collectifs “Shoot” et le viral “Ahoo” en 2021.

En parallèle, elle continue d’exceller en solo en sortant le morceau “F*** le rap féminin”

. Cité dans

des thèses et des livres, des mémoires, le titre, dont la réception puissante et le message aux allures

de manifeste contre la genrisation ridicule du rap dépasse Vicky R ; signe ultime qu’il est à ranger

dans la catégorie des morceaux importants pour la culture. Son clip fait référence à Lil Wayne (!), qui

le lui rendra en lui écrivant en DM (!!).Ces aventures collégiales et non-mixtes lui permettent de se lier avec les artistes talentueuses de sa

génération dont Chilla, avec laquelle elle livrera le banger impeccable et entêtant “Yeah”

, contenu

dans son album SYSTM, projet ambitieux et pierre angulaire d’un nouveau changement de cap de

l’artiste au nom de code évocateur : Lobby.

Nouvelle ère

Comme à chaque nouveau projet, l’introspection est reine. L’image du lobby est intéressante là

encore pour comprendre où elle en est de son parcours.

Cet EP de 7 titres s’amorce comme la suite de SYSTM. Le constat un peu amer, qu’après avoir

“navigué” dans le système et perdu ses illusions, Vicky ne peut pas changer ce “Systm”

, impose une

-nouvelle- transition.

Vicky sait qu’elle accède à un autre palier : celui d’être fin prête pour livrer un album avec plein de

choses à raconter. Pour poursuivre la métaphore, Vicky est en salle d’attente, en partance pour de

nouvelles sonorités, après un voyage mouvementé et long. La débine de ce monde et cette

industrie qui déraille est toujours là, mais comme ouatée.

Le titre éponyme, illustré par un clip à l’image léchée et hyper bien reçu par le public, pose tous les

thèmes de ce projet : trouver et/ou affirmer sa position dans ses rapports humains, son état d’esprit

et son mode d’action. Et pour commencer, dans ses nouveaux désirs, le rap est une toile de fond.

Pour celles et ceux qui aiment la Vicky technique, taquine et qui kicke, on peut la retrouver dans

l’introduction marquante “Lobby” ou encore dans l’efficace “No Fiky” aux côtés de l’élégant EDGE.

Les émotions

“Danser dans les flammes”

, en featuring avec Tuerie, est à écouter absolument. Il y est question de

deuil (“J’y suis resté fort comme une femme seule”

, dit-il), de solitude (Et chaque larme qui a

coulé renforce mon armure”

, nous confie-t-elle comme si elle nous donnait une clé de plus pour la

comprendre). Et c’est très émouvant, délicat : à l’image de cette nouvelle ère dans laquelle entre

Vicky, qui dévoile un peu plus ses vulnérabilités.

Toujours dans le collectif, Vicky accueille Anaïs Cardot, sur “Miles”

, un de ses morceaux préférés du

projet. Elle n’est pas à sa première collaboration avec sa compatriote gabonaise, un talent brut qui

illumine le son qui parle de distance et avec sa voix cristalline.

“GPS” nous dévoile une Vicky R sensuelle, qui parle de désir qui brûle et de nuits moites.

L’EP se finit sur une discussion avec MC Solaar, dans une outro qui confirme que Claude M’Barali

(son nom civil) est bien la légende qu’il pense être, lui qui ne cesse de passer le flambeau à la jeune

génération.

Une belle manière pour la rappeuse, qui sera à La Place le 23 mai pour défendre ce projet qui

regorge de directions ambitieuses de boucler la boucle avec la Vicky, née au Gabon qui ne savait

pas qu’elle allait faire de la musique.

Dépasser les frontières. Casser beaucoup de barrières. Ouvrir les portes. Et recommencer. Vicky R

est dans l’antichambre de ce qu’elle souhaite accomplir, sa mission ne fait que démarrer. Lobby. 🔑

Vidéo

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